Ce n'est pas rare que j'aie viré au Bio comme conséquence de, ou plutôt en correspondance avec mon choix d'un régime alimentaire, qui cherche l’équilibre en rapport à l'environnement en plus de mon équilibre individuel.
Comme la plupart des français consommateurs des produits issus de l'agriculture biologique, je suis obligée d'acheter chez Naturalia. C’est quand même la chaîne la plus répandue ou la plus en vue. C'est aussi celle qui offre une certaine variété des produits bien alimentaires que cosmétiques, sans négliger les produits ménagers, dans une même surface. Le besoin de confort oblige !
Mais on n'est pas forcément très fier de la dépendance de Naturalia, pour de différentes raisons, dont je ne citerai que quelques-unes :
1- Le peu nombreux personnel, toujours triste, et le manque d'un bon accueil
2- La pathétique organisation des rayons
3- Le très – très - mauvais éclairage
4- L'image si peu ravissante de la marque, c’est triste !
5- Mais le pire c’est l'encombrement à l'heure de payer, dû à la négligence dans la disposition et le nombre de caisses.
Chaque fois que j'y vais, au moins une fois par semaine, je me demande comment les propriétaires de Naturalia peuvent prétendre offrir autant de produits avec la structure d'un kiosque à revues. Leurs magasins n’ont que deux caisses, dont une seule en fonctionnement la plupart du temps. De toutes les façons, même en opérant au maximum de ces capacités, les deux caisses sont sur un même guichet minuscule, ce qui ralentit le processus d’enregistrement des produits achetés par un client, qui doit souvent les sortir un par un du panier et les remettre à toute vitesse après l’enregistrement pour éviter l'encombrement.
Je ne suis pas experte en logistique, mais ce n'est pas difficile de voir que si l'on veut vendre plus et surtout croître dans un business similaire, il faudrait partager l'espace dédié à la marchandise avec un espace proportionnel destiné au paiement. Il doit exister même des logiciels qui déterminent le nombre de caisses en fonction de la surface, la quantité de produits offerts et le flux de clients. Mais chez Naturalia, l’on choisit de rester à mi-chemin entre un Monoprix et un petit magasin du coin.
À mon sens, l’unique explication à leur négligence, c’est le manque d’une véritable concurrence et pas l’envie de rester très proches des clients en restreignant la taille. Etant presque les seuls à offrir un tel service, alors pourquoi faire plus pour les clients, déjà fidélisés à la force.
Sans doute une certaine naïveté de la part du groupe derrière Naturalia, qui devrait trembler de seulement imaginer l’arrivé du géant américain de la distribution biologique Whole Food Market. Ils sont déjà en Angleterre, après l'acquisition de la societé anglaise Fresh and Wild, et quelques chiffres à propos de la croissance dans la consommation Bio en France, pourraient les ferait suivre le chemin d’autres chaînes américaines, qui s’installent maintenant sans trouver la grande résistance d’autrefois.
Ce n’est pas difficile d’imaginer que Naturalia serait complètement écrasé, comme d'ailleurs c’était le cas de Columbus Café, qui a bien préparé le terrain pour l'arrivé un peu tardif de Starbucks en France. Mais le français inspiré du succès de Starbucks ailleurs avec son bar à café n’a pas pu se maintenir comme concurrent. Tout simplement, parce que si bien la vente thématique (de café, produits organiques, vins ou autres) s'avère une bonne garantie de réussite, il ne le sera pas toujours sans un développement du sens de l'accueil parfait et unique, chose qu’on oublie souvent dans ce pays. Une idée brillante ne fera pas ses épreuves que s’il existe un véritable engagement vis-à-vis des exigences des clients.
Avec toutes mes craintes au sujet du service pourvu par Naturalia, je n'avais jamais douté de la véritable certification « Bio » de tous les produits disponibles dans leurs magasins. Je veux dire que j'ai toujours cru aveuglement que tout ce que j'achète chez eux est bien un produit suivi et certifié « Biologique ».
Il y a plus d'une semaine, je discutais avec des gens pendant un déjeuner au Centre Sivananda. Lors de notre conversation, le thème de la bonne alimentation a fait la place à la consommation de produits biologiques. Alors j’ai reçu un bas coup quand un de mes interlocuteurs - professeur de yoga, donc sensé de promouvoir la pensé positive et la confiance - m’a dit avec une grande certitude : « Naturalia n'offre pas de véritables produits biologiques, tous les produits frais sont comme d'autres produits quelconques vendus chez Monoprix ou ailleurs. C’est de l’arnaque ». J’étais horrifiée parce que croire à sa sentence m’obligerait à revoir non seulement ma consommation, mais aussi ma confiance en général.
Quelques jours après, je suis allé voir mon généraliste. Comme d'habitude nous avons parlé un peu de tout. Le sujet peut se balader entre le bricolage, les impôts, les vacances ou Hugo Chavez, le président de mon pays, le Venezuela. Ce jour-là, on a discuté sur l'alimentation. J'ai parlé des produits biologiques, cette fois-ci pour écouter un médecin qui reçoit beaucoup de patients par jour, donc très respecté, dire : « Il n'y a rien de plus faux que l'agriculture biologique, ce sont des inventions des commerçants pour gagner plus d'argent. Il ne faut pas croire à ça, il n'y a pas de différence entre les légumes d’ici ou de là, au-delà des différences de prix, exorbitants à Paris ».
J'avais parfaitement intégré l'idée que manger « Bio » était tellement importante, qu’un jour nous allions tous manger des fruits et des légumes sans pesticides et cultivés le plus naturellement possible en respectant aussi l'environnement. Je suis stupéfiée !
Si cette histoire est vraie et des faux produits biologiques sont vendus chez Naturalia, nous sommes complètement perdus, parce qu'accepter ça serait douter de tous les producteurs ou distributeurs des produits biologiques. Toute possibilité de changer la vision du commerce en fonction d’une amélioration de la vie est nulle, sans espoir.
Á risque d’être naïve, je décide de croire qu'ils ne peuvent pas mentir avec quelque chose de si sérieuse. Même s’ils sont les commerçants le plus méchants, il faut penser que vu la croissance des ventes des produits biologiques, donc le succès de l’affaire Naturalia, ils seraient incapables de perdre crédibilité en face d'un nombre croissant de clients. Ça serait une bêtise sans précédents !
Le problème de ma décision de croire à l’honnêteté de Naturalia, c’est que forcement les autres mentent. Encore plus délicat, ils sont en train de détruire la réputation d’un groupe d’individus, chose grave même s’il s’agit du méchant commerçant. Le plus, c'est que ses gens qui m’en ont parlé ont le pouvoir d’installer la doute, de détruire la confiance, de semer la crainte par tout, parce qu’ils ont des gens autour qui leur font confiance. Spécialement un médecin, qui pourra toujours imposer ses critères aux autres avec la science comme pilier. Mais aussi les vérités des hommes de science sont discutables, parce qu’elles seront toujours « les vérités » de ceux qui ont envie de croire à quelque chose, et qui feront de leur mieux pour l’objectiver face aux autres.
De la même façon qu’ils ne disposent pas de preuves de l’origine biologique des produits de Naturalia, ils n’ont aucune preuve du contraire. Alors pourquoi quelqu’un qui se dit défenseur de la vérité oserait mettre en question la parole d’un autre.
Les raisons que je pourrais évoquer sont malheureusement multiples. La première et la plus néfaste, ce n’est pas une autre que l’habitude de douter des autres, parce qu’il faut. On l’apprend et on le fait partie de nous, laissant la peur de l'autre dévenir la loi. La deuxième, non moins affreuse, serait la pulsion de toujours disqualifier tout ce que ne se correspond pas à nos propres pratiques. Une troisième est liée à la tendance de croire que toute personne qui fait de l’argent en trop est forcément un méchant, ils sont le patron, le commerçant, l'Eglise, enfin, vous le connaisez tous.
Nous nourrissons la méfiance de l’autre parce que la différence est essentielle en nous. Les causes des guerres ne sont pas ailleurs, elles sont là, où nous sommes toujours capables de voir dans l’autre un ennemi, un tricheur, un arnaqueur, un voleur, un menteur, un profiteur, un étranger, un envahisseur.
Après cette longue histoire, je constate qu'il n'y a rien qui puisse améliorer si en plus de faire de notre mieux, chacun de nous ne fait pas la place à la confiance dans la bonne volonté de l'autre, quand il s'agit de son engagement dans la construction d'un monde meilleur pour tous.
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