Je ne suis plus seulement un invité végétarien mais aussi une maman végétarienne. Une fois qu'on devient maman, il ne reste de temps que pour l'essentielle, ce qui me permet de laisser de côté les contraintes pour une vegetarienne, trouvés ici et ailleurs, pour faire la place à des choses beaucoup plus constructives. Malgré ma disposition de me couvrir que des bonnes vibrations, je ressens aujourd'hui l'envie de parler d'une nouvelle contrainte dans ma vie et dans nos vies comme famille.
Il y a quelques jours nous avons fêté, avec un peu de retard, l'anniversaire de Lila, née le 5 mars 2007. La famille et des amis proches sont venus partager ce moment de bonheur avec nous. Lors de cette petite réunion je discutais un peu avec une amie à qui ça faisait très longtemps que je n'avais pas vu, et puis à la question : Kelly, comment tu te sens? J'ai répondue, très naïvement et même avec un peu de fierté : Génial mais quand même un peu fatiguée, parce qu'avec l'allaitement les nuits sont encore un peu difficiles.
Le choc ! Elle m'a regardé comme si je l'avais dit que je donnais un verre de Bordeaux à Lila au souper avec sa purée de carottes. Ça réponse exacte a été : " C'est un peu tard, je trouve ! ". Ce commentaire en lui-même n'est pas très méchant mais le visage d'accompagnement montrait suffisamment de dégoût comme pour que je me sente un peu bizarre d'allaiter à Lila de 13 mois. Ce n'était pas la première fois qu'on met en question mon choix d'allaiter Lila passé l'année ou d'avoir l'intention de le faire jusqu'au moment où toutes les deux, elle et moi, seront d'accord pour sevrer.
Ça faisait longtemps que je ne ressentais pas cette malaise de vivre dans un endroit où je suis tellement différente, mais surtout dans lequel tout semble indiquer que j'ai tort ou que "mon exotisme" me fait marcher à contre courante par ignorance. Je sais que ce n'est pas très important ce que les autres disent, si je crois que notre décision est la meilleure, mais ce dégoût verbalisé par une amie résonne encore aujourd'hui sur ma fragilité récente, celle qui se mêle avec mon bonheur de jeune maman.
J'ai du raconter à mon mari ce que je ressentais, et là lors, je ne me suis pas senti mieux parce que lui aussi à son tour m'a confié qu'en effet à chaque fois qu'on lui demande comment j'y vais et il dit qu'un peu fatiguée parce que... j'allaite encore, les gens le regardent avec tête de "ça ne va pas non" ou "Dis donc, elle a du mal à s'en défaire, Kelly" avec un peu de cynisme. Ainsi, il m'a confié qu'il pense que le mieux c'est de ne plus dire aux gens que "nous allaitons" car sa gêne, ça dérange, et ce n'est pas très élégant.
Ma tristesse est bien sur attaché à mon ego, gonflé de fierté parce que malgré tout, je crois fermement qu'avec mon geste d'allaiter, je donne un de plus importantes démonstrations d'amour et de fermeté dans mon engagement envers Lila. Je ne juge pas, allaiter ou pas c'est un choix personnel, mais c'est triste de voir comment notre nature la plus pure est mise en question.
Ce qui a été génial ce que les avis négatifs m'ont servi pour faire enquête sur le thème, en trouvant qu'il n'y a que des bénéfices, statistiquement prouvés, dans l'allaitement prolongé au delà des deux ans :
Pour l'enfant :
- Nutritionnels
- Il sera moins malade
- Il aura moins d'allergies
- Il sera plus intelligent
- Il sera mieux intégré socialement
Pour la mère :
- Retarde naturellement le retour de la fertilité
- Réduit le risque de cancer d'ovaire
- Réduit le risque de cancer de sein
- Réduit le risque de cancer d'utérus
- Protège contre l'ostéoporose
- Réduit le risque d'arthrites reumatoidea
- Permet une réduction dans les niveaux d'insulines nécessaires chez des mères avec de la diabètes
- Favorise la perte de poids pris pendant la grossesse
Je ne suis pas trop le genre à chercher des explications scientifiques et de donnés statistiques sur les choses mais pour ceux qui s'intéressent, vous pouvez visiter ce site, plein de ressources sur l'allaitement.
Pour conclure, je me dis qu'après tout ce que j'ai pu trouver sur les bénéfices d'un allaitement prolongé, en plus de mes intuitions et mes réflections sur le thème, tout parait indiquer que tout équilibre rompu se exprime avec des problèmes de santé. Je ne douterai pas que le catastrophique taux d'obésité chez les enfants ou le très haut taux de cancer des organes féminins, seront des conséquences de nos choix par rapport à la maternité, initiés à l'insu de l'industrie alimentaire et pharmaceutique à partir des années 70.
Bien sûr il y a des cas dans lesquels c'est impossible d'allaiter, mais sinon, je crois que vouloir être mère sans vouloir allaiter c'est comme arrêter une maternité à mi-chemin. J'espère que dans les années à venir on reprendra conscience de la responsabilité d'avoir un bébé comme l'exige la nature, avec douleur, avec des nuits courtes, et le reste. En tout cas, je sais qu'il y a maintenant beaucoup de femmes qui font un pas, ou plusieurs, en arrière dans leurs coutumes, pour retrouver la vérité de l'expérience de la maternité, tellement bousculé par la recherche de contrôle et de confort. Bravo pour toutes ces femmes qui sentent la responsabilité d'allaiter à leurs enfants.
En ce qui me concerne, j'allaiterai encore !
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